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Employeurs

The Great Resignation ? Pas (encore) en Belgique !

Le marché du travail s’enflamme. Une vague sans précédent d’emplois vacants aux États-Unis entraîne la rotation volontaire massive du personnel. Les travailleurs belges vont-ils suivre le même mouvement ? Pour l’instant, la réponse est 'non'.

Dernière mise à jour le 28 mars 2022 par Frank Vander Sijpe
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The Great Stay?

Les États-Unis sont submergés par une vague de départs volontaires, également appelée 'The Great Resignation'. En est-il de même chez nous ? Non, les chiffres de Securex montrent que les travailleurs belges restent fidèles à leur employeur. Plus encore, en 2020, nous avons enregistré une rotation volontaire du personnel de 5 %, ce qui représente un pourcentage exceptionnellement bas. C’est d’ailleurs la première fois depuis 2015 que l’on enregistre une baisse. Cette tendance s’est également poursuivie en 2021, ce qui prouve une fois de plus la constance des Belges lorsqu’il s’agit de leur emploi.

Pourquoi la situation est-elle différente chez nous ?

En Belgique, il n’est nullement question d’une vague de départs volontaires comme aux États-Unis. Notre système d’indexation automatique des salaires y est notamment pour quelque chose. Comme nos salaires augmentent avec l’inflation, les Belges ressentent beaucoup moins le besoin financier de changer d’emploi. Aux États-Unis, en revanche, de nombreuses personnes ne parviennent tout simplement pas à joindre les deux bouts avec un seul emploi à temps plein, et sont donc obligées de chercher une alternative ou une activité d’appoint mieux rémunérée.

De plus, les travailleurs belges accumulent souvent des avantages liés à l’ancienneté qu’ils ne sont pas prêts à abandonner. Par le biais d’augmentations salariales, de congés supplémentaires et de primes additionnelles, entre autres, les entreprises fidélisent leurs collaborateurs, ou du moins veillent à ce qu’un ensemble d’avantages comparables ne puisse être négocié ailleurs. Il existe donc une corrélation négative évidente entre la rotation volontaire et l’ancienneté ou l’âge : plus une personne est en poste depuis longtemps, moins elle est susceptible de changer d’emploi. Conjugué au vieillissement de la population active, ce phénomène entraîne une baisse du taux de rotation volontaire du personnel.

Encore une dernière explication : le 'job hopping' ne fait pas partie de notre culture. Les travailleurs belges sont plutôt réfractaires au risque en la matière. Ils sont convaincus qu’ils ont beaucoup plus à perdre à court terme en changeant d’employeur qu’à y gagner éventuellement à long terme – surtout s’ils sont engagés à durée indéterminée. Cependant, on constate bel et bien une certaine intention de rotation. Nos enquêtes démontrent qu’environ 30 % de la population active belge envisage de quitter son employeur, mais la conversion de cette intention en départs volontaires effectifs reste assez exceptionnelle.

Les Messi du marché du travail

Le faible taux de rotation volontaire du personnel contraste fortement avec le nombre record d’emplois vacants en 2021 – une pénurie sur le marché du travail qui se poursuivra au moins jusqu’en 2030. Il s’agit d’un problème purement démographique : la génération du baby-boom part tôt à la pension et il n’y a tout simplement pas assez de personnes pour occuper les postes devenus vacants. Par conséquent, d’un point de vue économique, un faible taux de rotation n’est pas idéal. Le marché du travail a besoin de travailleurs qui se recyclent, se réorientent ou cherchent de nouveaux défis. D’une part, parce que les connaissances évoluent et se renouvellent extrêmement rapidement aujourd’hui, et d’autre part, parce que les fonctions changent constamment et exigent de nouvelles compétences et spécialisations.

La rotation volontaire du personnel se rencontre surtout chez les jeunes. Nombre d’entre eux sont très demandés sur le marché du travail actuel, très tendu – il suffit de penser aux métiers à pénurie dans les secteurs de l’informatique et de la logistique. On les appelle aussi les 'Messi du marché du travail' : ce sont tous des joueurs de haut niveau qui ont le choix des équipes. Par conséquent, ils accordent généralement moins de valeur à un contrat fixe. Les professionnels de l’informatique hautement qualifiés préfèrent souvent travailler à leur compte pour diverses organisations, mais dans l’ensemble, cela reste pour l’instant un groupe niche.

Conseils pour les PME

Bien entendu, le faible taux de rotation ne signifie pas pour autant que les employeurs peuvent se reposer sur leurs lauriers. Dans la 'guerre des talents', il est important que les entreprises gardent leurs meilleurs travailleurs et les lient de manière positive à l’organisation. En tant que spécialiste RH, Securex conseille de vous concentrer sur trois domaines : la santé, la compétence et l’engagement. Un collaborateur qui baisse les bras par rapport à l’un de ces trois aspects perd aussi une grande partie de sa valeur pour l’organisation.  

Un certain nombre d’entreprises envisagent des régimes de travail individuels ou 'I-deals'. En répondant aux besoins et aux désirs spécifiques de leurs travailleurs les plus talentueux, elles cherchent à les lier à l’organisation. Cela implique souvent des accords individuels sur la flexibilité : où et quand travailler, la composition de l’enveloppe salariale, le contenu du travail, voire le statut du travailleur.

Une telle approche individuelle est-elle une bonne idée ? Des recherches récentes montrent que c’est le cas, à condition que certaines pratiques RH de base soient présentes. Il s’agit de la perception qu’ont les travailleurs du soutien et de l’équité au sein de l’entreprise. Pour satisfaire en permanence leurs besoins psychologiques fondamentaux, tels que le feed-back, la reconnaissance, l’évolution et la participation, des pratiques RH solides sont indispensables. Si certains collaborateurs bénéficient alors d’un arrangement individuel, leurs collègues seront moins enclins à adopter une attitude de rejet. En effet, ils savent que l’entreprise se soucie également d’eux et veille à ce qu’ils soient traités correctement.

Une colonne vertébrale solide dans le domaine des RH peut donc empêcher la comparaison sociale d’entraîner des effets secondaires négatifs sur le monde du travail. De cette manière, les entreprises peuvent tirer le meilleur parti des résultats positifs des I-deals. Vous êtes curieux de la qualité de la politique RH de votre PME ? Informez-vous et participez à le HR-scan gratuite et sans obligation.

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Frank Vander Sijpe
Director HR Trends & Insights Securex

Frank Vander Sijpe est actuellement Directeur HR Trends & Insights au sein de l'équipe Marketing Intelligence & Innovation. Il suit de près les différentes évolutions et tendances du marché du travail, ainsi que leur impact sur la politique du personnel dans les organisations. Parmi les thématiques, on retrouve l'absentéisme, le stress, la rotation du personnel, la motivation et le travail hybride. Il est également co-auteur des livres "Mon travail, un travail sur mesure" et "Personnaliser le travail, mythes et faits" qui traitent de la manière dont les PME font face aux défis du marché du travail actuel.

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