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Le bien-être au travail : Les questions que personne n’ose poser

Le bien-être au travail : voilà bien un thème d’actualité. Mais est-il bien nécessaire d’y consacrer un budget ? N’est-il pas, tout simplement, possible de régler cela soi-même ? Nous avons interpellé Elisabeth Van Steendam (Manager Wellbeing) et Stephanie Heurterre (Senior HR-Consultant) à ce sujet en leur soumettant quelques questions controversées.

Posté le 28 mars 2022

Mettre le focus sur le bien-être est très en vogue actuellement. Mais ne s'agit-il pas d'un effet de mode?

S : Le terme est en effet ‘trendy’, mais le problème a, bien entendu, toujours existé. Les gens passent beaucoup de temps au travail, sont assaillis de stimuli de toutes parts, sont forcés de collaborer – et tous ces éléments ont un impact sur leur bien-être. Donc oui, il s’agit bien d’une mode, mais le cœur du sujet  ne l’est pas.

E : Mieux encore, si nous observons la hausse du taux d’absentéisme,  l’attention portée au bien-être est parfaitement justifiée ; même s’il y a des facteurs explicatifs tels que le vieillissement.

Les entreprises ont déjà tellement de priorités. Pourquoi consacrer du temps au bien-être ?

S : La réponse en simple. Si votre priorité est de générer plus de chiffre d’affaires, comment pourriez vous y arriver sans vos collaborateurs ? Une machine ne fonctionne pas toute seule, et même si c’était le cas : qui va l’entretenir, se charger des livraisons ? Nous avons toujours besoin du facteur humain, c’est là que se situe la priorité.

E : Dans des périodes de pénurie d’emplois et de manque d’effectifs sur le marché du travail, il faut veiller plus que jamais à ce que vos collaborateurs soient en bonne santé, prêts à rester à votre service et qu’ils viennent travailler avec plaisir. Autrement, vous n’atteindrez jamais vos chiffres.

S : Si un employeur souhaite améliorer son image de marque. Bien évidemment, vous pouvez relooker votre site internet, mais le plus important reste le contact clients et là ce sont vos collaborateurs qui peuvent faire la différence.

E : En effet. Si vous appelez une entreprise et qu’une personne vous crie dessus ou est clairement au bout du rouleau, vous irez voir ailleurs la prochaine fois.

Organiser un lunch entre collègues chaque semaine… n’est-ce pas suffisant pour stimuler le bien-être au sein des équipes ?

E : Un lunch entre collègues, c’est très agréable, mais se sentir bien et en bonne santé, c’est bien plus important. Améliorer votre leadership, par exemple, a un impact bien supérieur sur la cohésion d’équipe, l’innovation, la productivité et la motivation autonome – des résultats que vous ne parviendrez pas à réaliser en déjeunant en équipe.

S : Les collaborateurs doivent ressentir une atmosphère d’ouverture, où ils peuvent exprimer leurs besoins afin que vous puissiez y réagir. Un déjeuner peut apporter ou créer un moment convivial, mais ce n’est pas sur cette base qu’une personne acquiert de la motivation autonome. Lorsque des personnes estiment qu’une chose a du sens ou qu’elles aiment la réaliser, nous observons que leurs performances s’améliorent et qu’elles se sentent bien – voilà le but à atteindre.  

Le bien-être n’est-il pas une responsabilité collective ? Ne mettons-nous pas trop cela sur le dos des managers ?

E : Un manager peut-il motiver un collaborateur ? Non, la responsabilité en incombe au collaborateur même. Toutefois, un manager peut créer un environnement de travail sûr et stimulant où les collaborateurs peuvent s’exprimer et s’auto-motiver.

S : Comme manager, vous devez bien vous connaitre, et pratiquer l’autoréflexion. Si vous ressentez par exemple beaucoup de stress du fait de retourner travailler régulièrement au bureau, vous devez vous rendre compte que vos réactions s’en trouvent impactées. Si vous attendez de vos collaborateurs qu’ils se montrent vulnérables, osez leur dire à certains moments “je me sens incertain” ou “j’ai commis une erreur”. Ils apprécieront.  

Il existe une multitude de blogs et de webinars gratuits sur ce thème. Est-il nécessaire de payer pour un soutien supplémentaire ?

E : Il est très dangereux de penser qu’on peut gérer cela soi-même. Il va de soi que vous pouvez prendre les devants, mais voulez-vous vraiment créer un impact durable ? Dans ce cas, vous avez besoin d’un regard extérieur sur l’organisation, d’une personne qui peut vous mettre au défi et vous tendre un miroir.

E : Pensez également à l’aspect temporel. Souvent, les managers veulent résoudre eux-mêmes les problèmes liés au bien-être, mais cela devient un to-do qu’ils reportent à chaque fois. Si vous travaillez avec une personne extérieure, vous avez de fait payer pour cette aide, mais cette personne va également travailler sur cette problématique de façon effective.

S : J’en profite pour faire un parallèle avec une expérience personnelle. Mon mari pensait qu’il pourrait rénover notre salle de bains lui-même. Le résultat : un énorme jet  d’eau dans notre living. Eh bien, il en va de même pour le bien-être. Il s’agit d’un thème qui semble facile, et qui vous encourage à penser “cela semble tellement évident, je peux m’en charger moi-même”. Mais, en pratique, on communique soit trop peu, soit trop tard, ou on se limite à des actions one-shot n’ayant que peu d’impact – mettre un panier à fruits à disposition ne nous conduit pas encore à manger sainement.

Investir dans le bien-être, cela rapporte-t-il vraiment ?  

E : Le bien-être rapporte gros. Vos collaborateurs sont présents, en bonne santé et motivés. De ce fait la qualité de votre production ou de votre offre de service s’améliore, et vous allez également générer plus de chiffre d’affaires.  

Bon à savoir !

Pour chaque euro investi dans des interventions liées au bien-être, les frais d’absentéisme baissent de 2,39 euros (Baxter et al.)

E : Le démarrage initial nécessitera sans doute un peu de temps, mais si l’on y travaille régulièrement , l’entretien ne demandera que peu d’investissement. C’est la continuité qui importe avant tout. C’est comme quand on souhaite renforcer sa condition physique : au début, cela exige beaucoup d’efforts avant de pouvoir courir cinq kilomètres, mais une fois que vous y êtes arrivé, un entraînement intensif n’est plus nécessaire. Si par après, vous avez un mois très chargé, où vous n’avez pas l’occasion de courir, cela ne signifie pas que vous devrez tout recommencer à zéro. Une pratique régulière est cependant recommandée, car sinon, vous risquez de perdre la main.

S : Les recherches démontrent très clairement qu’un travail axé sur la motivation autonome a un effet positif sur votre productivité (au plus productif vous êtes, au plus longtemps vous vous voyez travailler. Ce qui implique moins d’absentéisme (moins long et moins fréquent) et un bien-être accru (moins de tensions, un risque moindre de burn-out, moins de stress).

S : Si vous examinez des études sur le ROI, vous remarquerez que chaque euro investi dans le bien-être, rapporte un revenu deux à quatre fois plus élevé. Cela ne veut pas dire qu’il vous faut consacrer d’énormes budgets au bien-être. Il faut d’abord constituer une bonne base – la mise en œuvre d’actons bien réfléchies, agir de manière cohérente, cultiver une atmosphère de communication ouverte, et vous voilà parti. Nul besoin d’organiser un team building qui vous coûte des milliers d’euros. Parler à vos collaborateurs ne coûte rien, juste un peu de temps… mais c’est extrêmement précieux. 

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