Tout le monde sait aujourd’hui qu’une charge de travail élevée ou une trop grande pression dans l’exécution des tâches augmente le risque de stress chronique et donc de stress excessif. Mais le fait qu’une charge de travail trop faible puisse également entraîner des problèmes peut être un phénomène nouveau pour certains. En effet, le mal-être, l’anxiété, l’impression d’inutilité ou l’ennui de manière prolongée peuvent déboucher à terme sur un bore-out.
Le bore-out génère pratiquement les mêmes symptômes que le burn-out
L’on accorde actuellement beaucoup d’attention aux personnes qui travaillent trop. À juste titre. En effet, en cette période de crise du coronavirus, un grand nombre de travailleurs font le maximum et se mettent totalement au service de la société. Et bien souvent en prenant d’énormes risques pour leur santé. Le risque d’un burn-out augmente considérablement chez ces personnes. Surtout s’ils « oublient » ou n’ont pas la possibilité de prendre des vacances.
Les travailleurs atteints de burn-out bénéficient souvent de la compréhension et du soutien de leur entourage. Mais la compréhension est moins marquée lorsque les travailleurs en chômage temporaire, même à temps partiel, se plaignent d’une impression de vide, de dépression et d’anxiété, en particulier à un moment où nous luttons ensemble contre un virus et où des centaines de personnes en meurent chaque jour. Les travailleurs ne déclarent pas volontiers être atteints de bore-out, alors qu’un bore-out est presque aussi néfaste pour la santé qu’un burn-out.
Comme le burn-out, le bore-out est un dérèglement neuro-hormonal. Il ne résulte pas d’un surmenage de longue durée (trop d’hormones du stress), mais d’un manque de sollicitation de longue durée (trop peu d’hormones du bien-être). Ce dérèglement génère pratiquement les mêmes symptômes que le burn-out. Mais, au lieu d’en avoir trop, vous avez trop peu de travail.
Quel est l’impact d’un manque de travail sur notre bien-être ?
De très nombreux salariés travaillaient également d’arrache-pied avant la crise du coronavirus. Il n’y a rien de mal à cela. Le travail est important et joue un rôle prépondérant dans notre vie. Mais le travail peut aussi occuper une place tellement grande que d’autres activités peuvent être négligées. Pour ces travailleurs qui se retrouvent ensuite en situation de chômage temporaire, ce n’est pas évident. Ils n’ont pas l’habitude de dépenser leur énergie en dehors du travail. Ils n’ont pas développé assez d’autres aspects de la vie. Ils consacraient toute leur énergie à leur travail, à leurs collègues. Selon nous, les « accros » au travail constituent un groupe vulnérable supplémentaire. Les bourreaux de travail prestent beaucoup et de manière excessive mais, contrairement aux travailleurs acharnés, ils le font de manière compulsive. Les « accros » au travail se sentent « obligés » de travailler.
Lorsqu’un bourreau de travail se retrouve soudainement en chômage temporaire, par exemple à cause du coronavirus, il éprouve autant de difficultés que ses collègues qui ne sont pas « accros » au travail. Et au lieu de présenter un risque accru de burn-out, ils présentent maintenant un risque accru de bore-out, ce qui peut entraîner anxiété et dépression.
2 conseils pour éviter le bore-out
Ce n’est pas un thème évident en cette période de crise du coronavirus. En effet, une organisation ne fait pas elle-même le choix du chômage temporaire. Nous vous proposons cependant deux conseils concrets pour protéger vos chers travailleurs de ce bore-out qui les guette.
1. Mettre l'accent sur les compétences en dehors du travail
Nous avons tous trois besoins fondamentaux. Il s’agit de besoins universels et innés : le besoin d’Autonomie (pouvoir décider soi-même de ses actions), le Besoin d’appartenance sociale et le besoin de Compétence (effectuer des tâches qui ne sont ni trop difficiles ni trop faciles). Les travailleurs atteints de bore-out se plaignent précisément que leur compétence n’est pas suffisamment sollicitée. Leurs tâches ne sont pas stimulantes ou ils doivent sans cesse effectuer la même tâche répétitive. En bref, ils s’ennuient. Et comme il n’est pas facile de remédier à cette situation pour le moment, il est important d’accorder une attention suffisante à cette compétence, en dehors du travail.
Les travailleurs en chômage temporaire perdent un rôle majeur dans leur vie, une partie importante de leur identité. Soudain, ils ne sont plus estimés pour leur rôle de serveur, de conseiller en voyages, de comptable, de consultant ou de formateur. Leur besoin de compétence par le biais du travail est contrarié, ce qui génère anxiété et dépression. Pour les bourreaux de travail, cette contrariété pèse encore plus lourd.
Notre suggestion est donc d’encourager encore plus vos travailleurs à développer leurs compétences en dehors du travail. Quoi qu’il en soit, ils disposent de compétences qu’ils peuvent désormais mettre à profit dans leur vie privée. Certaines de leurs compétences peuvent être transférées dans leur cadre familial.
2. Même sans 'travail' la vie a du sens
Tout le monde a besoin de se sentir utile. Le sentiment d’avoir du sens pour quelqu’un, pour la société. Pour un grand nombre de personnes, le travail peut procurer ce sentiment d’utilité. Si le travail est supprimé, de manière inattendue et non souhaitée, tout l’art consiste alors à rechercher cette impression d’utilité dans d’autres activités.
Que rêviez-vous d’apprendre depuis longtemps ? Éveillez votre curiosité et lisez ce livre, recherchez une formation en ligne, testez quelque chose de nouveau. Le fait que tant de personnes se lancent aujourd’hui dans le bénévolat en dit long non seulement sur leur sens de la solidarité, mais aussi sur leur désir d’occuper utilement leur temps. Vous bénéficiez d’une occasion unique de faire quelque chose que vous ne feriez peut-être pas dans d’autres circonstances.
La cure de désintoxication ultime pour les « accros » au travail
Pour les « accros » au travail également, la situation actuelle peut être l’occasion rêvée de « décrocher » un peu. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les « accros » au travail ne sont pas nécessairement plus motivés à travailler que leurs collègues. Leur motivation est différente. Comme leur motivation se base sur le sentiment négatif qu’ils « doivent » travailler, ils fournissent des prestations de moindre qualité. C’est précisément le caractère compulsif et le sens du devoir qui gangrènent la relation d’un « accro » au travail (et d’un travailleur compulsif) avec son travail. Les travailleurs qui travaillent dur parce qu’ils trouvent leur travail utile et agréable, sans se sentir obligés de le faire, sont stimulés.