Le marché du travail malmené par la crise du coronavirus
L’année post-Covid 2022 constitue une étape importante sur le marché du travail belge. Elle a été marquée non seulement par un nombre record de postes vacants, mais également par un nombre remarquablement plus élevé de départs volontaires par rapport aux années précédentes de la pandémie. Ainsi, en 2022, pas moins de 12,25 % des travailleurs belges ont quitté leur employeur de leur propre initiative. En 2020, ce chiffre n’était que de 8,66 %. En 2022, les départs involontaires, à l’initiative de l’employeur, ont encore reculé pour atteindre à peine 4,98 %, contre 5,66 % en 2020. Une évolution étonnante. L’origine ? Les opportunités qui se présentent, que ce soit au niveau de l’offre ou de la demande.
La vague de postes vacants : une multitude d’opportunités
En 2022, alors que le monde se remettait lentement de la pandémie, l’économie redémarrait en Belgique. Conséquence : un grand nombre d’offres d’emploi et donc de nouvelles opportunités pour les demandeurs d’emploi. En effet, les entreprises de différents secteurs avaient un besoin urgent de personnel qualifié afin de soutenir leur croissance et leur développement. Mais nous voyons une autre explication à l’augmentation du nombre de postes vacants. En effet, une première partie des « baby-boomers » qui partent, toujours trop tôt, à la retraite doivent également être remplacés.
La force de la négociation
La deuxième cause, l’amélioration de la position de négociation des candidats, découle de ce qui précède. En effet, l’offre excessive de postes vacants crée un contexte favorable. Les travailleurs qui ont reporté leur intention de quitter l’entreprise pendant les années de pandémie en sont les premiers bénéficiaires. Ils sont conscients qu’ils opèrent sur un marché axé sur les candidats. Et cela leur permet de s’affirmer davantage lors des entretiens d’embauche et des négociations salariales. Les candidats se sentent plus confiants pour négocier de meilleures conditions de travail. Ils choisissent également des employeurs disposés à investir dans leur croissance et leur bien-être1. Les lieux de travail offrant une flexibilité du temps et du lieu de travail sont très demandés. En d’autres termes, le critère de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée occupe une place importante pour le choix d’un employeur.
En revanche, le phénomène de « La Grande Démission » (The Great Resignation), où des travailleurs, principalement aux États-Unis, ont décidé de changer volontairement d’emploi, n’a pas eu beaucoup d’impact en Belgique. Il a surtout touché le secteur de l’horeca. Pendant la crise du coronavirus, de nombreux travailleurs ont trouvé un autre emploi. Ils ont bénéficié de conditions de travail plus favorables ; il n’était donc plus possible de faire machine arrière. En conséquence, une multitude de postes sont devenus vacants dans ce secteur en 2022. Pour en savoir plus : cette page (en néerlandais) regroupe des informations sur Dynam-Reg, une boîte à outils destinée à analyser l’évolution de la dynamique du marché du travail.
Impact sur les employeurs et les travailleurs
L’augmentation de la rotation volontaire du personnel en 2022 affecte principalement les PME en Belgique. Les petites entreprises se sont senties obligées d’investir massivement dans l’employer branding. lls ont dû accorder plus d’attention à leur image et offrir de meilleurs salaires et avantages. En outre, pour attirer et retenir de nouveaux travailleurs, il était également nécessaire d’investir dans le développement des talents et le bien-être. Tous ces efforts conduisent à une amélioration générale des conditions de travail proposées, avec une ouverture au travail flexible au niveau du temps et du lieu de travail.
Conclusion
L’augmentation de la rotation volontaire du personnel en Belgique en 2022 est due à la combinaison de ces deux tendances. D'une part, la succession d’un nombre record de postes vacants et, d’autre part, l’amélioration de la position de négociation des candidats après la crise sanitaire. Ce contexte oblige les entreprises à trouver des solutions créatives pour répondre à la question suivante : « Comment attirer et retenir des talents sur un marché où la barre est placée bien plus haute sur différents critères ? ».
Comme la pénurie sur le marché du travail est structurelle2, il est fort probable que cette évolution se poursuive dans les années à venir.
1 Randstad Employer brand research 2023, p.13, critères de classement pour le choix d’un nouvel employeur
2 Voir l’évolution de la population en âge de travailler en Belgique à partir de 2024, Statbel, https://cse.belgique.be/fr/accueil/statistiques/demographie/perspectives-demographiques-pour-la-belgique-et-par-region
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