La clé d’une culture organisationnelle axée sur les personnes
« Je suis un CEO, un chief entertainment officer. Je trouve important que mes collègues puissent travailler dans un environnement agréable et stimulant. » Pour l’entrepreneur Joep Kempen, c’est clair : avec sa société Cyclis, qui propose des vélos en leasing, il souhaite apporter une note joyeuse à ses clients et à ses 32 collaborateurs. La devise de l’entreprise est d’ailleurs « pushing limits, creating joy ».
Faire de l’exercice est bon pour la santé et faire du vélo vous rend heureux. Mais Joep attache autant d’importance à une bonne culture d’entreprise. Il le montre notamment en donnant l’exemple.
« Je n’ai pas de bureau personnel et je m’assieds avec mes collaborateurs dans tous les départements. Je fais la vaisselle et j’arrose les plantes. Plusieurs collaborateurs ont récemment commencé un programme "Start to run" pendant la pause de midi. Je vais courir avec eux. Quand nous allons faire du padel après le travail, je suis présent sur le terrain. »
La communication est essentielle pour Joep. Chez Cyclis, un collaborateur ne doit pas nécessairement posséder le diplôme adéquat, mais il doit être accessible et interagir en permanence avec ses collègues. « Parler est la clé de tout. » Les collaborateurs disposent d’une grande liberté pour leur épanouissement personnel. Celui ou celle qui souhaite suivre un cours de gestion ou de langue française n’a qu’à le demander. « Ce n’est qu’ainsi qu’ils continueront à être performants. »
L’instauration d’une culture d’entreprise ne doit pas être sous-estimée, acquiesce Koen Dewettinck, professeur de management à la Vlerick Business School. « Chaque entrepreneur devrait se demander comment créer un environnement dans lequel chaque collaborateur peut donner le meilleur de lui-même. »
« La démarche peut être formelle, par le biais de processus RH et du choix des collaborateurs que vous recrutez. Mais elle peut aussi être informelle, par le biais de la culture d’entreprise. Cette démarche est intéressante, surtout pour les petites organisations qui n’ont pas de département RH. »
Comment déterminer votre culture d’entreprise ?
Comment savoir quelle culture convient à votre entreprise ? « Chaque patron de PME ou indépendant devrait faire cet exercice », conseille Koen Dewettinck. « Vérifiez par vous-même : quelles sont mes valeurs en tant qu’entrepreneur ? Quels sont les rapports que je souhaite avoir avec les fournisseurs ? Quels collaborateurs est-ce que je souhaite attirer, qui dois-je promouvoir ? »
« Que vous créiez des sites web ou installiez des clôtures, une culture d’entreprise est profitable à tout le monde. Vous pouvez déclarer : nous fabriquons les plus belles clôtures de la région et nous en sommes fiers. Vous pouvez également mettre l’accent sur les compétences de vos collaborateurs ou la satisfaction de vos clients », explique Koen Dewettinck. « Le plus important est de tenir vos promesses. Si vous déclarez que vous êtes orienté(e) client alors que cela ne se vérifie pas sur le terrain, vous serez dans l’embarras. »
Pourquoi une bonne culture d’entreprise est-elle si importante ?
Une culture d’entreprise saine est importante parce qu’elle engendre de meilleures performances. Les recherches montrent que les entreprises qui poursuivent un but ultime (purpose) obtiennent de meilleurs résultats. Dans ce cas, la clé n’est pas la mission de l’entreprise ou son approche, mais le fait de savoir parfaitement pourquoi elle fait ce qu’elle fait. Les personnes qui y parviennent créent beaucoup d’engagement au sein de l’entreprise.
« Dans les entreprises les plus performantes, ce n’est pas la conviction de la direction qui est le facteur décisif, mais la mesure dans laquelle le but ultime de l’entreprise se transmet à tous les collaborateurs de l’organisation », déclare Koen Dewettinck. « Il ne suffit pas d’afficher une belle citation dans le hall d’entrée de votre entreprise ou sur votre site web. Un but ultime doit également être expérimenté sur le lieu de travail. »
Un but ultime, ce n’est pas sorcier à trouver. « Pour trouver votre but ultime, il est préférable de retourner à l’essentiel. Rappelez-vous la raison pour laquelle vous avez fondé l’entreprise », déclare Arnoud Raskin, un entrepreneur social qui organise avec StreetwiZe des formations en leadership basées sur les techniques de survie des jeunes vendeurs de rue.
« Si vous travaillez dans une entreprise familiale, vous pouvez vous appuyer sur les valeurs de votre père ou de votre grand-père. Pour quelle raison a-t-il fondé l’entreprise dans laquelle vous travaillez aujourd’hui ? Basez-vous là-dessus pour inscrire vos activités dans un but ultime. »
Arnoud le remarque lors de chaque formation qu’il organise : demandez à un entrepreneur de mettre ses ambitions par écrit et la machine s’enraye. « Je ne demande pas aux entrepreneurs ce qu’ils veulent réaliser ou l’objectif final qu’ils veulent atteindre. Ce que je veux savoir, c’est quel héritage ils veulent laisser derrière eux. Ils devraient être capables de mettre cela par écrit en 5 minutes, mais ils négocient chaque fois du temps supplémentaire. Demandez-vous simplement dans quelle aventure vous souhaitez vous embarquer avec vos collaborateurs. »
Ses principales leçons, Arnoud les a apprises pendant ses études, lorsqu’il travaillait dans une boulangerie. « On m’y a offert des opportunités et j’y ai appris que je pouvais faire passer aux gens un bon dimanche en leur vendant de délicieux pistolets et viennoiseries. Cela peut sembler anodin, mais dès que vous avez compris cela, vous appréciez davantage votre travail derrière le comptoir. »
Comment attirer les jeunes avec votre culture d’entreprise ?
Les valeurs entrepreneuriales sont essentielles, en particulier pour les jeunes collaborateurs qui sont davantage préoccupés par l’écologie, l’égalité et l’authenticité. Mais pour un grand nombre de chefs d’entreprise, il n’est pas facile de séduire la génération Z.
« Les jeunes veulent fixer leur propre rythme de travail et être stimulés au travail », indique Joep Kempen. « Je le perçois comme une incitation à revoir mon organisation et à intensifier la numérisation. Que vous travailliez à domicile ou au bureau, le principal est que nos clients puissent compter sur nos services. Moi-même, cela me rend fou quand je n’arrive pas à avoir un interlocuteur au bout du fil et que je dois passer par un menu de trente options. Nos clients doivent avoir l’un de nos collaborateurs en ligne dans les trente secondes, point final. Mais cela ne cadre pas toujours avec l’attitude flexible au travail de la génération Z. »
Selon Arnoud, la gestion est l’affaire de toute une entreprise et pas seulement d’un chef d’entreprise ou d’un manager. « Tout le monde participe au leadership. On peut déjà le constater avec la génération Z : de nombreux jeunes prennent le contrôle lors des entretiens d’embauche. Ils ont confiance en eux, savent ce qu’ils veulent et ce qui les attend. »
Comment impliquer vos collaborateurs dans cette approche ? « En tant qu’entrepreneur, construisez votre propre histoire à laquelle vos collaborateurs peuvent s’identifier », conseille Arnoud. « Découvrez ce qui suscite leur intérêt et ce qui les motive. Déterminez où se situent leurs points forts – il ne s’agit peut-être pas du travail pour lequel ils ont été engagés – et comment vous pouvez ensemble faire la différence.
Car c’est là que réside le but ultime d’une entreprise : votre valeur ajoutée, l’héritage que vous laisserez derrière vous lorsque vous ne serez plus là. Les entreprises qui écrivent une histoire avec leurs collaborateurs bâtissent des équipes stables et génèrent du bien-être. Tout ce que vous devez faire pour y parvenir, c’est travailler sur la réflexion personnelle et la conscience de soi. »